Sonnet en faux alexandrins

De vie entière plié sous les coups dans l'engeance,
Attendant, vautré et le ventre vide le terme,
Gorge béante, je quémande, honteux, une maigre pitance,
En tremblant, loqueteux, vers une main qui se referme

Et j'attends que surgisse du nacre d'une nuit rêvée
La folie, dans le nu de son immense splendeur.
Elle seule me rendra l'éclat de mes rêves crevés
Et cachera à ma conscience ces sordides odeurs.

L'aube va bientôt révéler crûment la poussière,
et je vois, vaincu, se creuser pour moi l'ornière,
Creusée par la morsure des besoins premiers.

Alors je range cette belle démence,
Et, en humant du monde ses relents âcres et rances,
J'offre mon âme à la torture sans crier.

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